Précarité menstruelle et règles abondantes

Précarité menstruelle et règles abondantes

La précarité menstruelle touche près de 4 millions5 de personnes menstruées de 18 à 50 ans. Pour ces fxmmes*, les protections hygiéniques, pourtant indispensables, sont un luxe et d’autant plus lorsqu’elles souffrent de ménorragies (règles abondantes).

Selon les Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) la précarité menstruelle1 désigne « les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus. » Ce terme englobe également la vulnérabilité économique accrue dont souffrent les personnes réglées à cause du coût des protections hygiéniques, auquel il faut souvent ajouter, le prix d’anti-douleurs ou de (sous-)vêtements neufs. Sans oublier les conséquences d’éventuels arrêts de travail.

Ce poids financier est plus lourd lorsque les personnes souffrent de ménorragies. Ces dernières se caractérisent par un flux menstruel très abondant (plus de 80 mL par cycle) et/ou très long (plus de sept jours) 2. Pour rappel, un cycle menstruel « normal» dure en moyenne 4 à 6 jours avec, approximativement, un volume sanguin moyen de 30 mL.

Pour les femmes (ou personnes menstruées)  souffrant de ménorragies, une double protection est parfois nécessaire : tampons et culottes de règles, serviettes et tampons, serviettes et culottes de règles… Le coût peut vite atteindre des sommes importantes chaque mois.

Cette difficulté à acheter des protections hygiéniques pousse parfois les femmes (ou personnes menstruées) à rester chez elles1 et à ne pas se rendre à l’école ou au travail avec des conséquences durables sur leurs résultats scolaires ou leurs opportunités dans le monde professionnel.

Certains défenseurs des droits en appellent à l’exemption des taxes sur les protections hygiéniques. En Inde, ces efforts ont permis l’élimination totale des taxes sur les serviettes hygiéniques et les tampons3.

Les produits d’hygiène comme produits de première nécessité

Selon la CAF5, ce sont, en 2021, «2 millions de femmes qui peinent à se procurer, par manque d’argent, des protections périodiques suffisantes lorsqu’elles ont leurs règles. » Aujourd’hui ce chiffre aurait doublé5 selon une étude d’OpinionWay pour l’association Règles Elémentaires.

La Caisse d’Allocations familiales a fait le calcul : « les menstruations apparaissent en moyenne dans la vie d’une femme à 12 ans et durent de 32 à 42 ans. Par mois, l’achat de serviettes, tampons, anti-douleurs s’élève de 10 à 15 euros, soit 120 à 180 euros par an. »4 Les règles plus abondantes (ménorragies) entraînent, de fait, un besoin plus important en protections, le coût annuel est doublé voire triplé en fonction des situations. Si l’on prend la fourchette haute, une femme avec des ménorragies va dépenser au cours chaque mois 30 euros pour ses règles.

Faute de pouvoir acheter le nécessaire, certaines femmes (ou personnes menstruées) gardent plusieurs heures les mêmes serviettes ou les mêmes tampons. Cela peut avoir des conséquences non négligeables comme entraîner des infections, et parfois même aboutir à un choc toxique.

Où trouver des protections hygiéniques gratuites ?

Certaines associations luttent contre la précarité menstruelle. C’est le cas de Règles Elémentaires, une association française qui, depuis 2015, a collecté et redistribué 15.000.000 de protections périodiques. Sur son site internet6, le collectif nous donne différentes manières de se fournir des tampons et serviettes gratuites. Si vous êtes mineur·e, il est possible de se diriger vers l’infirmier·e scolaire de son établissement ou vers des associations re-distributrices de protections. En tant qu’étudiant·e, il est possible de s’adresser au CROUS et aux Services de santé universitaire. En effet, depuis 2021, « le Gouvernement rend accessible à toutes les étudiantes, de manière gratuite, les protections dont elles ont besoin tout au long de l’année » indique le site de l’Enseignement supérieur5. Les étudiant·es peuvent également se rendre dans des associations re-distributrices de protections. En règle générale, ces associations s’adressent aux fxmmes dans le besoin. Il est possible aussi de récupérer des protections hygiéniques gratuites dans votre centre d’hébergement ou d’accueil.

Début mars 2023, Élisabeth Borne, Première Ministre, a annoncé que « le remboursement par la sécurité sociale des protections périodiques réutilisables pour les femmes de 25 ans et moins sera intégré dans le budget 2024. » Une mesure applicable dès l’année prochaine. De plus, le Gouvernement aide déjà les collectivités et les établissements à installer des distributeurs de protections périodiques. C’est le cas par exemple dans l’académie de Bordeaux où six collèges ont bénéficié d’une mise à disposition de distributeurs de protections périodiques7. Il « doublera les crédits aux associations d’ici 2027 pour qu’elles puissent acheter et distribuer 30 à 40% de protections périodiques réutilisables pour les femmes en précarité. »

De premiers pas pour mettre fin à la précarité menstruelle et faire des protections hygiéniques un produit de première nécessité.

*Le terme fxmme est dérivé de « womxn » est inclut l’ensemble des personnes cis, trans et non-binaires