Les ménorragies sont des menstruations (règles) abondantes et prolongées. De nombreuses femmes ou personnes menstruées sont concerné·e·s. Si ce symptôme lié aux règles est souvent sans gravité, les conséquences peuvent altérer la qualité de vie des personnes concernées.
Qu’est-ce que sont les ménorragies ?
Les ménorragies se caractérisent par un flux menstruel très abondant (plus de 80 mL) et/ou long (plus de sept jours1). Pour rappel, un flux menstruel « classique » dure en moyenne 4 à 6 jours avec un volume sanguin moyen de 30 mL, approximativement1.
Environ une femme sur vingt, âgée de 30 à 49 ans, consulte un médecin chaque année pour ce type de problème.
On peut distinguer plusieurs types de ménorragies2 :
- Les polyménorrhées correspondent à des menstruations longues et abondantes.
- Les hyperménorrhées sont des menstruations de durée normale mais trop abondantes.
- Les macroménorrhées se traduisent par une abondance normale mais une durée trop longue.
- Enfin, les pollakiménorrhées correspondent à des règles fréquentes mais dont la durée est très courte.
Les ménorragies ne doivent pas être confondues avec les métrorragies. Celles-ci se caractérisent par des hémorragies utérines survenant en dehors de la période des règles.
Quels sont les symptômes des ménorragies ?
- Les règles très abondantes nécessitent l’utilisation d’un plus grand nombre de protections périodiques : plus de six serviettes ou tampons par jour3.
- Les saignements sont longs, et peuvent durer plus de sept jours.
- Les couleurs des règles peuvent changer et des caillots sanguins apparaissent parfois plus nombreux que lors des pertes menstruelles habituelles.
Mesurer la quantité de sang perdu à chaque cycle n’est pas toujours chose facile. En effet, la perception individuelle de l’importance du saignement par la femme détermine sa propre norme. Il existe un outil, appelé le score d’Higham, présenté sous forme de tableau à remplir, permettant d’évaluer l’abondance de ses flux menstruels. Dans tous les cas, lorsque les règles affectent la qualité de vie, que ce soit physique, émotionnelle ou sociale, il faut absolument consulter un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme.
Quelles sont les principales causes des ménorragies ?
Durant les premières années de règles chez les adolescentes, les ménorragies peuvent être dues à un déséquilibre hormonal : la production de progestérone est alors insuffisante par rapport à celle d’œstrogènes. Cela peut également être le cas juste avant la ménopause.
D’autres causes peuvent expliquer la survenue des ménorragies. Dans la plupart des cas, les ménorragies s’expliquent par des lésions bénignes4 de l’utérus comme des fibromes ou des polypes utérins.(une excroissance qui apparaît sur une muqueuse).
L’endométriose (développement anormal de tissu endométrial) peut déclencher des saignements importants.
Ces derniers peuvent également être consécutifs aux effets secondaires d’un traitement : utilisation d’un stérilet, prise d’anticoagulants, ou d’une autre méthode de contraception.
D’autres causes existent bien qu’elles soient plus rares. C’est le cas de certaines affections aux organes génitaux comme une infection pelvienne (salpingite), un cancer des ovaires, un cancer de l’endomètre. Certaines maladies déclenchent également des ménorragies comme des troubles thyroïdiens, le lupus, une maladie hémorragique héréditaire telle la maladie de von Willebrand .
Les ménorragies dites fonctionnelles sont un diagnostic d’élimination posé après exclusion des autres causes.
Quelles sont les conséquences des ménorragies ?
La durée prolongée des saignements et l’augmentation du flux menstruel ont généralement un impact négatif sur la vie quotidienne et sur la qualité de vie des femmes ou personnes menstruées concerné·e·s.
La complication la plus courante des ménorragies est l’anémie par manque de fer (anémie ferriprive) : les saignements abondants ou répétés épuisent les réserves en fer de l’organisme, qui ne peut alors plus fabriquer suffisamment d’hémoglobine, molécule indispensable au transport de l’oxygène par les globules rouges.
Cela a pour conséquence une très grande fatigue (asthénie), un teint pâle, des maux de tête, des étourdissements, une peau et des cheveux secs et des ongles cassants…
Certain·e·s patient·e·s se plaignent également d’une perte de libido et d’un isolement social. Les règles abondantes provoquent parfois un absentéisme scolaire (fréquent chez les adolescentes et jeunes femmes ménorragiques) ou des arrêts de travail répétés.
Comment traiter les ménorragies ?
Les professionnel.le.s de santé adapteront le traitement en fonction des causes4 : contraceptifs hormonaux, médicaments (ex : antifibrinolytiques, anti inflammatoires) voire chirurgie dans certains cas.
Rédaction par : Florine Cauchie
- Traitement médical des ménorragies : revue de la littérature, A. Campana, R. Kulier, M. Epiney, FGFRM
- Hémorragies génitales chez la femme, CNGOF http://www.cngof.net/E-book/GO-2016/CH-17.html consulté le 01/02/2023
- Ménorragies, hyperménorrhées et anomalies de l’hémostase – EM Consulte
- Ménorragies et anomalies de l’hémostase : diagnostic et traitements, Philippe de Moerloose, Salah Gueddi, Françoise Boehlen, Dominique de Ziegler, Revue Médicale Suisse