Nous parlons des femmes (ou personnes menstruées) ayant des relations sexuelles avec des femmes (FSF) sans présumer de leur identité sexuelle (genre et orientation sexuelle).
Ce qu’il faut savoir sur les infections sexuellement transmissibles ?
Il a longtemps été véhiculé l’idée, y compris par le corps médical, que les relations sexuelles entre femmes n’étaient pas à risque et que les personnes ayant uniquement ces pratiques sexuelles ne nécessitaient pas de suivi gynécologique 1,2 : les infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent se transmettre entre femmes (ou personnes menstruées).
Il est possible d’avoir contracté des IST, restées asymptomatiques (silencieuses, sans manifestations cliniques visible) qui peuvent évoluer, se transmettre et qui nécessitent bien souvent un suivi médical.
De plus, les parcours sexuels sont variés et rares sont les personnes n’ayant eu au cours de leur vie que des rapports avec des femmes : seules 4 % des FSF déclarent n’avoir eu que des rapports avec des femmes au cours leur vie 1,2.
Il est vrai que les contaminations par le VIH ou l’hépatite B sont peu fréquentes lors des rapports entre femmes (ou personnes menstruées). Néanmoins certains cas ont été recensés notamment lors de contacts ou d’échanges de sang (menstruel ou provoqués lors des rapports) 1.
Les autres IST comme le Papilloma Virus (Human Papilloma Virus), l’Herpès (Herpès Simplex Virus 1&2), la Syphilis, les infections à Chlamydiae Trachomatis, les Gonocoques peuvent se transmettre par simple contact entre les muqueuses 1,2,3.
Sans suivi médical, certaines de ces IST peuvent entraîner des complications importantes.
Par exemple, une infection à certains types d’HPV peut entrainer des lésions pré-cancéreuses voire un cancer invasif du col de l’utérus, les infections à Chlamydiae Trachomatis peuvent entrainer des douleurs pelviennes fréquentes, des infections de l’utérus, des trompes ou encore des ovaires, pouvant, en l’absence de traitement conduire à une infertilité.
Par ailleurs, les vaginoses bactériennes (infections génitales souvent associées à un déséquilibre de la flore vaginale) semblent plus fréquentes chez les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes1. « Les échanges de sécrétions vaginales lors de frottements mutuels du clitoris, le partage d’objets sexuels et les contacts oro-génitaux pourraient être à l’origine de ces infections non considérées comme des IST » 1.
Comment se protéger des IST ?
Les outils de prévention disponibles pour les rapports sexuels entre femmes sont 1,3 :
- Le préservatif externe (ou plus communément appelé « masculin »). Utile en cas de partage d’objets sexuels.
- Le préservatif interne (ou plus communément appelé « féminin »),
- Le gant, le protège-doigt
- Et la digue dentaire (carré de latex à positionner sur la vulve ou l’anus de votre partenaire avant un rapport bucco-génital).
Comment fabriquer une digue dentaire ?1,3
Il suffit de dérouler un préservatif externe, de le couper sur la longueur ainsi qu’à son extrémité et on obtient une digue dentaire !
Il est également possible de fabriquer une digue dentaire artisanale en découpant un carré de film alimentaire.
D’autres conseils pour réduire les risques d’IST sont donnés par l’ENIPSE (Equipe Nationale d’Intervention en Prévention et SantE) comme : l’usage de lubrifiant lors de sécheresse vaginale pour protéger les muqueuses, les bains de bouche après les rapports…
N’hésitez pas à vous y reporter : https://www.enipse.fr/une-version-bis-de-tomber-la-culotte-2-disponible-des-septembre-2020/
Quels dépistages des IST ?
Les mêmes examens de dépistage doivent être proposés aux femmes (ou personnes menstruées), quel que soit le sexe de leur.s partenaire.s.
Différentes études 1,2 ont pourtant mis en lumière un sous-dépistage des IST chez les FSF.
Par exemple, les femmes ayant uniquement des relations sexuelles avec des femmes sont moins nombreuses à avoir un frottis cervical à jour, c’est-à-dire réalisé selon les recommandations en vigueur, que les femmes hétérosexuelles ou ayant eu des relations sexuelles avec des hommes et des femmes.
Il est important que les femmes (ou personnes menstruées) et les professionnel.les de santé soient informé.es des risques de contamination afin que toutes les femmes (et les hommes concernés) puissent se protéger et bénéficier d’un dépistage adapté s’ils/elles le souhaitent.
Pour en savoir plus sur les IST, les modes de transmissions moyens et les moyens de dépistage, cliquez ici.
Pour plus d’informations, et pour un dépistage adapté à votre situation, consultez votre médecin ou votre sage-femme.
De nombreuses associations peuvent également être sources d’information 3 : Actions Traitements, Arcat Santé, Crips IDF, Le Kiosque, Sidaweb, Sol en Si, Sexosafe, Tu me play, On sexprime etc…
- Cécilia Giles. Le suivi gynécologique des femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes. Déterminants, enjeux, perspectives. Gynécologie et obstétrique. 2018. ffdumas-01925322f
- Tomber la culotte ! 2ème édition. Équipe nationale d’information en prévention et santé. Paris ; 2020 : 28-29 p
- Marianne Mitrochine. Facteurs liés à la réalisation du frottis cervico-utérin chez les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes en France. Sciences du Vivant [q-bio]. 2020. ⟨dumas-02947008⟩